Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
fantômes et fantoches

meurtri, nous attendions qu’il recommençât. Ce fut en vain.

Gambertin murmura :

— Je n’avais jamais supposé qu’une gorge d’iguanodon pût produire un semblable son. Avez-vous remarqué cet accent de colère ? Il n’est pas content, je pense, de ma petite farce… car c’était une plaisanterie, je vous assure. Nous ferons bien de prendre des précautions désormais…

La situation nous énervait au point qu’une porte s’ouvrant nous fit sursauter. Thomas et sa femme accouraient en chemise, épouvantés par le cri.

Gambertin, plongé dans ses réflexions, semblait ne pas les voir. Fort troublé moi-même, j’eus beaucoup de peine à les apaiser.

— Retournez vous coucher, leur dis-je, nous ne courons aucun danger. Les porcs échappés se battent probablement et le silence a renforcé leur clameur. C’est fini, vous n’entendrez plus rien. Seulement, ne vous risquez pas sous bois de quelque temps, ces porcs sont enragés sans doute. Il vaut mieux les éviter.

Enfin, les époux se décidèrent à partir.

Resté à la fenêtre, Gambertin fouillait l’ombre du regard.

— Allons, dis-je, venez vous reposer.