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fantômes et fantoches

— La sardoine qui brille au sommet signifie donc la qualité que vous prisez par-dessus toutes ?

— Oui, c’est l’emblème de la pudeur.

— Peuh ! fit Benvenuto. Alors, cette opale, la dernière, représente probablement le pouvoir de charmer ?

— Vous l’avez dit.

— Mais, reprit l’illustre ciseleur, ces pierres rendent-elles vertueux qui les porte sur soi, ou bien…

— Elles ne sont que des images, fit Hermann ; voici les fétiches, au contraire, qui sont des porte-bonheur, des alliés, écartent les cauchemars et désignent les filons d’or, comme la topaze ; la calcédoine met en fuite les fantômes et rien ne vaut l’améthyste pour chasser l’ivresse.

— Je savais cette propriété, dit Benvenuto, aussi ne m’a-t-on jamais vu paré d’améthystes. Je me plais à mettre l’ivresse au rang des bienfaits les plus respectables et je plains de tout cœur les prélats de ce que l’anneau pastoral enchâsse un joyau si funeste… Après tout, c’est une commodité de le porter non à l’encolure, mais au doigt ; on se dévêt plus secrètement d’une bague que d’un collier. Mais, poursuivons. Voici, m’avez-vous dit, la pharmacie minérale ?

Hermann eut un petit rire, puis, reprenant son visage sévère :