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les vacances de m. dupont

Le monstre, arrêté, nous regardait, ses deux pouces terribles en avant. Puis, il fit volte-face et s’enfuit avec le dandinement d’un pingouin, en agitant ses bras comme cet oiseau agite ses moignons d’ailes.

— Voyez, voyez, s’écria Gambertin, la tendance vers l’essor ! Il voudrait voler… et cette aspiration étirera ses doigts… et ses fils planeront…

— Gambertin, Gambertin, qu’avez-vous fait ?

Mon ami me jetait des regards singuliers.

— J’ai voulu rire, dit-il enfin. Il n’y a rien à craindre d’un herbivore…

— Mais ses pouces ?

— Bah, ils ne n’atteindraient pas au deuxième étage, à une fenêtre que je puis quitter en une seconde…

— C’est vrai, mais quelle…

Un cri strident m’interrompit, d’une violence, d’une férocité inouïes, c’était bien le grincement de roues contre rails qui m’avait tant impressionné pendant un dîner, mais cette comparaison ne pouvait plus s’y appliquer. Si les cataclysmes hurlaient, ils jetteraient de tels cris qui déchirent le calme comme un éclair fend la nuit. D’après moi, l’animal avait rugi près de la caverne, au moment d’y entrer.

Avec une impatience craintive, le tympan