vîmes l’iguanodon. Nous étions à la fenêtre du corridor, au deuxième étage, celle d’où l’on découvrait les bois.
L’animal traversait la pelouse pour aller à la citerne. À moins qu’il n’utilisât le ruisseau de la caverne, il devait souffrir du manque d’eau, car la chaleur empirait de façon inquiétante et les orages, pourtant assez rapprochés, ne parvenaient pas à la vaincre.
Contrairement à l’avis des naturalistes paléontologues, l’iguanodon avait des oreilles — de cheval, ou plutôt d’hippopotame. Il déambulait lourdement d’une allure solennelle et baroque à la fois, la queue traînante, et plutôt qu’à un vrai dragon, il ressemblait à l’une de ces carcasses tendues de toile que revêtent les figurants de féerie : ses jambes se mouvaient tout à fait comme les nôtres et semblaient trop courtes pour un si gros corps ; quant à ses bras, ils ballaient, en bras de mannequin, stupidement.
L’être était géant, balourd et grotesque.
Nous restions cois.
Tout à coup, Gambertin, très agité, se mit à faire :
— Pssttt ! Pssttt ! Pssttt !
Comme pour appeler un chat.
Je lui collai brutalement ma main sur la bouche.