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fantômes et fantoches

— Devinez-vous ce qui l’a poussé à venir loin de la caverne ? Pourquoi n’est-il pas resté prudemment sous les bois d’alentour ?

— Il cherchait des feuilles assez tendres pour son jeune bec. Il a marché jusqu’aux catalpas ; puis quand ce bec fut durci, il s’est attaqué au platane. Vous avez constaté vous-même sa première tentative contre cet arbre.

Je ne vois plus à présent rien d’impénétrable dans toute cette histoire… Et vous Dupont ?

Mais je saisis brusquement son bras :

— Gambertin, lui dis-je, s’il y en avait plusieurs ?

— Ils mourraient tous dans quelques semaines, à l’automne. Mais il est seul.

— Qui vous le démontre ?

— Suivez-moi bien :

Si, par extraordinaire, plusieurs œufs avaient été préservés miraculeusement de l’avalanche, et s’ils avaient eu le destin de l’œuf de notre iguanodon, ils seraient venus à éclore en même temps que lui, puisque les conditions de germination eussent été les mêmes pour tous et qu’elles ne se sont pas reproduites à des époques diverses. Ces bêtes écloses, éprouvant les mêmes appétits, guidées par l’instinct, auraient accompli des actions semblables. Elles seraient venues en nombre manger nos catalpas, or…