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fantômes et fantoches

La boue n’avait pas été foulée et l’hypothèse d’un oiseau reprit la prépondérance. Mais, comme nous rôdions aux alentours, l’aspect du platane attira notre attention : il avait souffert le sort des catalpas. Ses branches étaient dénudées jusqu’à la hauteur de ceux-ci, et le tronc présentait les éraflures caractéristiques. Au pied de l’arbre, le sol humide et piétiné nous montra l’empreinte d’un pied d’oiseau gigantesque.

Cela n’écartait pas absolument la présomption en faveur d’un oiseau, plus grand que de coutume, et je songeai avec terreur à l’aigle rock de Sinbad le marin. Mais j’eus l’idée de suivre la piste.

Par endroit, la voie se brouillait, comme si, après le passage de l’animal, on eût traîné un sac pesant.

— Serait-ce le sillage de la queue ? dit Gambertin. Il ne serait guère profond. Les iguanodons ne marchaient donc pas à la façon des kanguroos, en prenant un point d’appui sur leur appendice caudal ?… Quel casse-tête !

Le hasard vint à notre aide.

Couché par le vent, un peuplier s’inclinait, soutenu dans sa chute par un chêne et formant ainsi un portail oblique. L’animal avait passé dessous ; mais, là, indiquées seulement deux fois, des