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les vacances de m. dupont

Gambertin l’interrompit fort incivilement et lui répondit, mal à propos selon moi, qu’il n’avait cure non plus de livres écrits en chinois parce qu’il n’entendait pas cette langue.

La dispute l’avait excité. Jugeant que son irritation pouvait l’entraîner à de regrettables véhémences, je montrai d’opaques nuages noirs qui encombraient le ciel depuis si longtemps désert.

Le curé voulut rejoindre le village avant la pluie.

— Eh bien, dit Gambertin après son départ, il n’a pas semblé nous prendre pour des fous ?

— Nous saurons bientôt à quoi nous en tenir là-dessus, lui repartis-je. Regardez.

La pluie commençait de tomber à torrents.

Elle ne s’arrêta que le lendemain.

À la vue des frondaisons moins poudreuses et des champs ragaillardis, Thomas et sa femme emplirent le château de leur joie criarde. Je pense que toute la population fit semblable concert et ainsi célébra la pluie fécondante.

Pour nous, c’était la pluie révélatrice, et nous la bénissions plus que personne.

Sans avoir l’air d’y toucher, comme des flâneurs, pour n’éveiller nulle attention de la part des Thomas, nous approchâmes du bosquet de catalpas.