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fantômes et fantoches

abondaient les arguments. En résumé, les antagonistes étaient à peu près d’accord sur la pluralité des points, mais, en remontant l’histoire du monde, et arrivés au problème de savoir d’où sortaient les premières cellules, Gambertin déclarait :

— Jusqu’ici tout s’explique par la science, donc elle éclaircira ce phénomène comme les autres, quand elle disposera de moyens d’investigation assez puissants.

Et le curé, après avoir combattu la théorie de la génération spontanée, répondait :

— Pourquoi donc attendre l’avenir incertain quand la volonté productive de Dieu satisfait nos inquiétudes si simplement ?

Ils me parurent tourner, en sens inverse l’un de l’autre, dans un cercle vicieux, et cela avec d’autant plus d’archarnement qu’ils avaient un auditeur.

Un reproche du curé, cependant, était fondé ; avisant la bibliothèque, il fit remarquer à Gambertin le choix trop partial de ses livres :

— Voilà, dit-il, bien des biologistes et des philosophes, Flammarion, Spencer, Haeckel, Darwin, Diderot, Voltaire même, et Lucrèce, ce darwiniste de l’antiquité… Mais je ne vois pour nous défendre qu’une bible sans commentaires et une histoire sainte enfantine… Que faites-vous de Quatrefages, de…