Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
fantômes et fantoches

— Mais, lui dis-je, il ne s’agit pas de cela ; je crois à l’oiseau, puisque nous l’avons vu…

— Aucun oiseau n’a le bec ainsi disposé.

J’entrevis alors une énormité et je dis malgré moi :

— Ce bec a disparu, mais puisque l’oiseau procède de l’iguanodon, n’y eut-il point aux époques préhistoriques des ptérodactyles qui en furent munis ?

— Jamais ! les premiers habitants de l’air possédaient un bec armé de crocs d’un bout à l’autre. Étaient-ils exclusivement carnivores, étaient-ils omnivores ? Je ne sais. En tous cas leur morsure laissait des traces de dents, cela je l’affirme.

— Eh bien, Gambertin, dans ces conditions, ou bien je suis fou, ou bien un iguanodon se promène dans vos bois, la nuit.

— C’est inadmissible ! Inadmissible ! répétait Gambertin.

Néanmoins des étincelles luisaient dans ses yeux, et je devinais que cet enragé maniaque souhaitait ardemment ce qu’il niait.

— Un pareil animal, aussi pesant, aurait laissé des marques de pas, dit-il.

— La terre est dure comme si elle était gelée.

— Mais comment un dinosaurien serait-il parvenu en bonne santé jusqu’à nous ?