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fantômes et fantoches

ce fut le temps que choisit le mystère pour se manifester sans toutefois se dévoiler.

Nous vîmes d’abord la tête d’un arbre s’agiter, et nous comprîmes que le bas en était malmené, puis dans les extrêmes branches — éclairées — une espèce de gros oiseau grimpa, et les feuilles disparurent une à une. Mais l’arbre dépassait de si peu la forêt que nous ne pûmes contempler la bête tout entière, isolée sur le fond de lumière.

Bien qu’il fût négatif, nous possédions un élément de vérité : il n’y avait pas de sauterelles.

Gambertin songeait, le front plissé.

— Tout de même, lui dis-je, le bruit d’hier, vous savez, le bruit de chemin de fer…

— Eh bien, quoi ?… Après ?…

— Si c’était… un cri ?

— Un cri ?… j’ai entendu toutes les voix de la création, non ce n’est pas un cri. Cependant… Allons-nous coucher, fit-il brusquement, je dors tout éveillé.

Or, il ne dormit point. Ses pas résonnèrent sans cesse, et moi je veillai de mon côté, tâchant de construire quelques raisonnements. Ils aboutissaient tous à l’incohérence.

Aux premières clartés, je courus vers les catalpas et leur fis subir un examen sérieux.