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les vacances de m. dupont

— Vous êtes bien pâle, Dupont, seriez-vous souffrant ?

— Le… le… bruit. D’où vient-il ? Est-ce qu’on peut distinguer d’ici le bruit des trains ?

— Oh ! mais calmez-vous, mon cher Dupont, vous possédez un système nerveux de jeune mariée ! Peut-être, oui, en effet, peut-être le vent souffle-t-il de la station… Un coup de sifflet…

— Non. Ce n’est pas un coup de sifflet.

— Enfin, que sais-je ? La plaine est remplie d’exploitations plus ou moins bruyantes.

— Cela vient des montagnes, j’en suis certain. J’aurais pu croire à l’écho d’un train, mais…

— Tenez, vous êtes un poltron. Buvez un verre de vin pur et taisez-vous.

Je me le tins pour dit.

Trois heures plus tard, la nuit lumineuse nous trouva blottis au bord du fourré, non loin des catalpas encore intacts.

En plein air, on se serait cru dans un four.

Nous ne quittions pas des yeux le ciel, pour y surveiller l’arrivée des criquets. Les étoiles scintillaient à l’envi.

Nous causâmes avec des chuchotements. Gambertin m’apprit que la chaleur continuait ses