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fantômes et fantoches

— Mais oui, le protoplasma.

J’allais émettre quelque observation, mais Thomas accourut. Sa voix tremblait.

— Monsieur, la vieille citerne de la métairie est vide. J’ai voulu y puiser tout à l’heure, car mon puits est tari de ce matin. Plus une goutte d’eau !

— Eh bien, c’est la chaleur…

— Monsieur, la semaine dernière, elle était pleine jusqu’au bord. Il n’y a pas de soleil capable de vider en huit jours une pareille cuve ! d’autant qu’elle est à l’ombre à partir de midi.

J’essayai de plaisanter et dis sans conviction :

— Ce sont peut-être les criquets…

Mais Gambertin haussa les épaules :

— Je vous dis que c’est la chaleur.

Puis il réintégra le château.

La citerne, en effet, se réduisait à un vaste fossé rectangulaire, tapissé d’algues humides. Au fond les grenouilles y sautelaient dans une flaque bourbeuse.

Je m’en éloignais pour regagner la fraîcheur quand un hennissement m’attira vers l’écurie. L’infortuné Saurien n’en sortait plus guère depuis la suspension des fouilles, J’allai le flatter. Il avait le poil collé d’un cheval qui vient d’accomplir une longue course, et je soupçonnai fort Thomas de négliger le pansage.