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fantômes et fantoches

iv


Un mois paisible pour nous s’écoula sans incident qui ne soit connu de tous. Juin égrenait ses journées, meurtrières à force d’être ensoleillées. La chaleur prenait des proportions de fléau. On étouffait. Dans les champs poussiéreux et craquelés, l’ouvrage chômait, tout travail étant impossible aussi bien qu’inutile. Les obstinés tombaient, frappés d’insolation ; il y eut des cas de folie, on disait que les bêtes elles-mêmes en avaient leur misérable cervelle détraquée. L’ombre se fût payée ; les troupeaux de porcs venaient maintenant fouir la mousse dans les bois et la calamité générale fit naître autour des Ormes un peu d’animation.

Le compsognathe prenait tournure. Mais l’orangerie, exposée au grand soleil, devint rapidement inhabitable et nous dûmes cesser tout passe-temps.

L’oisiveté fut reine, du moins l’oisiveté manuelle, car Gambertin m’instruisait toujours et nous lisions ensemble des traités de paléontologie,