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fantômes et fantoches

tâche fut interrompue, elle n’était qu’aux deux tiers entamée. Voici pourquoi :

La chaleur s’aggravait sans cesse. L’air des nuits même brûlait. Le voyage quotidien devenait donc épuisant, et Saurien, famélique, tournait au spectre d’Apocalypse. D’autre part, l’intérieur de la grotte n’était plus tenable, la température y montait aussi de jour en jour, encore plus vite qu’au dehors, et il y régnait une insupportable humidité.

Gambertin restait calme. Il expliquait le fait par un regain d’effervescence des matières en ignition, anodine fureur du volcan sénile. En effet, en s’avançant par les corridors de lave et de schiste, on sentait à chaque pas l’atmosphère s’embraser davantage. Une fois, brandissant une torche, je m’y aventurai assez délibérément, résolu à pousser une reconnaissance jusqu’au premier embranchement, lorsqu’un roulement de tonnerre étouffé me fit revenir en arrière. Au fond, je ne fus pas fâché de saisir ce prétexte.

— Vous avez entendu l’orage ? demandai-je.

— Oui, cela va nous rafraîchir très heureusement.

Comme Gambertin disait cela, une suite de roulements se prolongea. Les paysans riaient de bonheur à penser que la ruineuse sécheresse