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fantômes et fantoches

Lui, les joues maintenant timbrées d’un petit cercle rose et maladif, demeurait taciturne. À ceux qui, s’étant approchés des vitrines, avaient remarqué certains arrangements des pierres par groupes, par catégories, et lui demandaient la raison de cet ordre, l’esprit de cette classification, Hermann murmurait des réponses d’un laconisme évasif, et les fâcheux ne se risquaient plus à fatiguer de questions ce spectre aux gestes harassés, dont la voix tremblait.

Parfois il se trouvait parmi les curieux quelque orfèvre pour renseigner ses compagnons ; ces jours-là, Hermann souriait davantage et se taisait tout à fait. Mais, c’étaient d’habitude les guides qui, verbeux et importants, faisaient les honneurs du magique firmament et enseignaient à leurs clients d’un jour les erreurs les plus pittoresques.

L’empereur d’Allemagne, le roi de France étaient venus ; mais Charles Quint n’avait rien appris de son hôte impénétrable, et François Ier s’en fût allé de même, sans l’heureuse présence du joaillier de la cour. Encore, un pli moqueur aux lèvres d’Hermann ne cessa-t-il de railler le docte artisan, comme si sa harangue n’eût été que menteries ou balourdises.

Certaine journée, pourtant, un visiteur solitaire