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les vacances de m. dupont

— Parbleu ! Mais ne craignez rien, plus de quinze kilomètres nous en séparent.

Cette chambre, reprit-il après un silence, marque l’extrême limite du territoire jurassique, et les galeries opposées à celle qui nous amena s’enfoncent horizontalement. Elles doivent parcourir l’ancienne plage de schiste.

— Vous ne les avez donc pas explorées ? demandai-je.

— À quoi bon ? Schiste sous les pieds, lave aux alentours, c’est de la matière stérile.

Ma timidité se risqua dans l’ombre d’une faille. L’inconnu me frôlait de sa robe ténébreuse, l’accès de cette nuit vierge me tentait follement, j’y soupçonnais des fantasmagories, et les cheveux me picotaient le cuir.

— Taisez-vous, fis-je à voix basse, j’entends. du bruit… j’entends un ruisseau… très petit ou bien à une distance considérable…

— Je sais, dit Gambertin ; voilà du reste un phénomène extrêmement banal. D’où croyez-vous donc que viennent les sources ? Allons, rêveur, à l’ouvrage !

Le travail occupa mon besoin d’action. Je saisis une bêche, la manœuvrai tant bien que mal, et bientôt l’indifférence me vint à l’égard des menaces environnantes, de toutes ces entrées ouvertes