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fantômes et fantoches

hension. Il me parut que ces bois, en fête de renouveau cependant, présentaient quelque chose… d’indéfinissable, mais de lugubre à coup sûr. Il manquait un élément, me semblait-il, aux réjouissances du printemps.

Cet élément, — je le reconnus à force de chercher et je m’étonnai de ne l’avoir point remarqué tout de suite — c’était la présence babillarde et agitée des oiseaux. Quel lieu funèbre qu’une forêt silencieuse !

Je fis part de ma surprise à Gambertin. Il me répondit :

— C’est ainsi dans toutes les régions volcaniques. Les animaux craignent les convulsions sismiques et devinent l’endroit où elles sont possibles. J’ai bien des fois constaté cette loi de conservation ; la campagne de Naples et l’île de Capri en sont tout endeuillées. Mais vous voyez que l’instinct persiste à redouter des périls passés depuis longtemps.

— Dites donc, Gambertin, vous êtes sûr que nous ne courons aucun danger ? Est-ce à cause de la parenté qui m’attache aux oiseaux, je ne suis pas rassuré.

Il se mit à rire, puis :

— On ne sait jamais, dit-il, et il entonna une vieille chanson locale.