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fantômes et fantoches

— Croyez-moi, Caïn mégalosaure a souvent dévoré Abel iguanodon. Et c’est peut-être de là que ce mythe est parti, qu’en sait-on ?…

— Cependant, répliquai-je fier de mon savoir, de leur temps l’homme n’avait pas encore paru…

— L’homme tel que vous et moi, non ; mais l’homme ébauché qui, dans l’organisme l’un saurien encore antérieur à ceux-ci, existait déjà, mêlé à l’esquisse de l’oiseau.

— Allons donc ?

— Pourquoi pas ? Mes deux pensionnaires, peu dissemblables, descendent de ce père lointain, mais commun. On arrive jusqu’à lui, en passant par le mégalosaure, si l’on remonte la suite de nos aïeux ; et l’on y aboutit encore, mais par l’iguanodon, si l’on remonte la série des aïeux de l’oiseau. Et n’en rougissez pas : ces dinosauriens, nos ancêtres et nos oncles, étaient les rois de leur époque, tandis que sous le règne plus récent du mastodonte, par exemple, l’éléphant aux quadruples défenses, nos grand-pères les kanguroos n’en menaient pas large !

Il fallait bien l’avouer, l’homme participe du singe dont certaine variété se rapproche des marsupiaux, et ces squelettes pouvaient passer pour avoir appartenu à de gigantesques sarigues. Debout sur leurs pattes de derrière, ils se pen-