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fantômes et fantoches

— C’est mon auxiliaire habituel, une vraie brute. Il en est encore à voir dans les fossiles des produits de luxe de la terre, des créations inutiles de forces mal orientées, quelque chose comme un ouvrage de dame…

Prendre ça pour des squelettes ! Jamais ! Il n’est pas superstitieux, lui, on ne lui en fait pas accroire si facilement ! Que Lucifer se cache la nuit derrière les arbres, ça c’est indiscutable, mais qu’un os soit un os, quelle farce !

Gambertin boulonnait la main droite de l’animal.

— Eh bien, Dupont, que vous semble de cette menotte ? Voilà, n’est-il pas vrai, un pouce que le voisin ne possède pas.

En effet, les deux sauriens, pareils de taille et de silhouette, se différenciaient en ceci : le mégalosaure était doué de cinq doigts égaux à chaque patte, et le pouce de l’iguanodon, déparant une véritable main, se terminait par une longue phalange pointue, d’aspect formidable.

— Quel poignard !

— Et encore, fit Gambertin, les griffes manquent.

— Ce géant devait être la terreur de son temps ?

— Détrompez-vous, l’iguanodon, une manière de vache pour le tempérament, n’attaquait point ses contemporains ; il se défendait contre leurs