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les vacances de m. dupont

chemar, dont je ne perdrai jamais le souvenir.

Le hall s’éclairait par le toit. Tout le côté gauche, d’un bout à l’autre et du sol aux chevrons, en était occupé par un squelette gigantesque et d’apparence invraisemblable. Au long de l’autre muraille, s’alignaient, quadrupèdes ou bipèdes, d’autres ossatures moins démesurées, mais tout aussi extravagantes. J’eus malgré moi, devant cette rangée, le sentiment bizarre d’une mascarade, toutes ces charpentes de monstres étaient burlesques, surtout debout.

À la façon d’un carrelage irrégulier, des plaques de pierre scellées recouvraient les murs. Elles étaient gravées, en creux ou en relief, d’arborescences, d’empreintes, aux formes énigmatiques.

Une multitude d’ossements biscornus gisaient partout, blanchis et numérotés d’un chiffre noir.

Gambertin, vêtu d’une blouse d’épicier, s’appuyait à un établi couvert d’outils, ceux d’un serrurier, me sembla-t-il.

Je restai bouche bée ; ma curiosité s’éveillait.

— Expliquez-moi un peu ça, dis-je ; en voilà un… son épine dorsale pourrait servir d’arête à la flèche d’une cathédrale ! Qu’est-ce que c’est que ça ?

Gambertin jubilait.