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fantômes et fantoches

Je parcourus les bois environnants. Ils étaient moins fourrés que je ne l’avais cru tout d’abord, on circulait facilement à travers cette futaie à peine encombrée par-ci par-là de buissons. Les vestiges d’un mur d’enceinte s’y dressaient de place en place. L’endroit m’ayant paru sinistre, je revins vers la plaine.

Par bonheur, elle fermentait d’activité, et j’écoutai parmi la fraîcheur du vent sonner des enclumes, chanter les campagnards, et mugir, et bêler, et hennir les métairies. Les champs fourmillaient de petites taches claires et affairées ; des porcs brusques erraient en troupeaux voraces avec des grognements ; une alouette, au-dessus de ma tête, gazouilla, comme un Saint-Esprit mélodieux… Oh ! boulevard de Sébastopol ! Comme tu étais loin !…

Cependant Thomas hurla du château qu’il me fallait y retourner.

Nous nous dirigeâmes ensemble vers la grange isolée. Au-dessus du portail, on déchiffrait à l’effritement d’une sculpture le mot : Orangerie.

— Ah ! Enfin, vous voilà ! s’écria Gambertin. Il n’y a pas à dire, la paléontologie ne vous attire pas, hein ?

Dieu du ciel ! Cette orangerie était un muséum, un composé de la ménagerie, du charnier, du cau-