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les vacances de m. dupont

Il n’achevait pas et marchait nerveusement par la chambre en faisant tourbillonner son binocle au bout du cordon, comme une fronde.

Je jetai un regard vers la bibliothèque vitrée et j’y remarquai sur les rayons, au milieu d’un tas de vieux bouquins, plusieurs livres neufs ; des cartes géographiques, neuves aussi, pendaient aux murs.

J’insinuai :

— L’étude vous accapare…

— Oui, une fameuse étude, allez ! Des travaux… passionnants !…

Ses yeux brillaient. Il reprit :

— Je devine vos réflexions. Vous ne m’avez pas connu très studieux, jadis, n’est-ce pas ? Eh bien, j’ai mis quarante-quatre ans à le devenir. Oh ! Avoir vagabondé sans relâche, avoir interrogé tous les lieux de la planète pour découvrir un but… et le rencontrer au point de départ, quand on est presque un vieillard et tout à fait un pauvre !…

Et dire que des générations de Gambertin ont passé en sifflotant, l’arbalète ou le fusil sur l’épaule, sans entendre l’appel de ces glorieuses recherches !… Oui, mon cher, je pioche, c’est le cas de s’exprimer ainsi, et je pioche avec frénésie.

Il s’arrêta pour mesurer l’effet et déclama :