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le lapidaire

ii


Dans la rue des Archers, étroite et montante, les étrangers, fort intrigués, s’arrêtaient devant une habitation de belle apparence dont la porte et les fenêtres aux croisillons de pierre étaient surmontées d’une accolade sculptée retombant à droite et à gauche des ouvertures en cordons rigides, fruités de raisins à leur extrémité.

Le battant de chêne, poussé, donnait accès dans une salle lambrissée d’armoires où, derrière une table encombrée de balances, de pinces, de cuillers au manche perforé de trous ronds, un jeune garçon se tenait.

— Ce n’est qu’un serviteur, disaient les guides.

Ses petits yeux verts inspectaient les nouveaux venus à l’abri d’un front minuscule encore rétréci par une chevelure courte mais envahissante.

Ayant jugé à quelle sorte de pratiques il avait affaire, le valet s’empressait d’aller quérir son maître, et bientôt un grand vieillard livide accueillait les étrangers d’un sourire souffrant. L’acier cliquetant d’un trousseau de clefs luisait à