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les vacances de m. dupont

— Si, m’écriai-je, je me rappelle maintenant, un saurien, c’est un crocodile, un lézard…

— Pfffttt ! Des menteries, répondit l’autre, ch’est des ginvenchions…

J’essayai de continuer le dialogue, mais ce sceptique parlait un impénétrable baragouin, et la conversation fut laborieuse. J’en ai retenu ceci : que mon conducteur, jardinier et cocher, s’appelait Thomas, mais, qu’aux Ormes, on l’avait surnommé Didyme. Et je connus ainsi que Gambertin se rappelait ses Évangiles et cultivait la plaisanterie.

Au bout d’un temps assez long — la nuit tombait — notre véhicule plaintif traversa un pauvre village, puis après une longue montée, par de vagues ornières, il atteignit la lisière des bois. Nous y pénétrâmes de biais, et tout à coup, dans la nuit venue, je me trouvai sur la voiture arrêtée, devant la blancheur d’une grande façade.

Saint-Thomas m’interpella : nous étions arrivés.

Gambertin et moi, nous nous regardions.

Quoi, ce gringalet quinquagénaire, chauve et jaune, c’était Gambertin ? le Gambertin qui était plus grand que moi vers l’âge de dix-sept ans ? Quelle surprise !