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fantômes et fantoches

Je me pris à parcourir en tous sens mon petit appartement sans pouvoir rien entreprendre. Tous les objets familiers me dévisageaient d’un air désapprobateur, surtout la pendule avec l’œil rond. de son cadran, et le baromètre Louis xv, de sa prunelle plus grande… Chaque jour je les consultais avant mon départ pour le bureau…

Sous son globe, la pendule marquait neuf heures. Le baromètre indiquait « variable », mais son aiguille décrivit un arc subit et s’arrêta sur « beau fixe ». C’était encourageant. Les choses, magnanimes, m’exhortaient elles-mêmes au départ.

Là-dessus entra la femme de ménage.

La présence de cet inférieur me rendit toute ma décision :

— Madame Grenier, je m’absente. Je reviendrai dans six mois ! Demain lundi : achats divers ; mardi, en route ! Vous aurez l’obligeance de venir épousseter de temps en temps, n’est-ce pas ?

— Bien, monsieur. Et les poules ?

Les poules, mon Dieu ! Divertissement de ma vie bureaucratique ! Les poules que le propriétaire me permet de nourrir sur la terrasse ! Mes vingt-cinq poules de races différentes et recherchées !

Comment ai-je pu les abandonner à la garde sans tendresse de Brown ? Les Anglais ne savent