Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
fantômes et fantoches

dans le quartier bas, N. Dona dell Grazie ; la terrasse de l’orfèvre Spirocelli, voisine de l’église, s’aperçoit fort nettement. Quel artiste !… Je vous conduirai chez lui ; vous achèterez là des bijoux délicieux, agencés selon les règles récentes de l’art… Et voyez-vous maintenant, à une portée d’arbalète de cette maison, celle dont la toiture bleue est percée de quatre fenêtres ? C’est la demeure d’Hermann Lebenstein, le beau-père de Spirocelli, le roi des lapidaires, une des gloires génoises ! Il possède une merveilleuse collection de pierres. Par la Sainte Madone ! on ne saurait tarder davantage à connaître un tel trésor, car il pourrait payer la rançon de toute la chrétienté, si les mécréants venaient à la capturer !

Alors, à travers le dédale des ruelles, les voyageurs accompagnaient leurs guides, et quand ils les questionnaient au sujet de ce lapidaire aussi renommé que San Lorenzo, l’arsenal ou Doria, les Italiens rusés faisaient mine de ne pas entendre et nommaient obséquieusement les passants de qualité : Marino, Garibaldi, Fiescho…