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les vacances de m. dupont

physique. Depuis la fin de l’année dernière cette situation-là s’aggrave de jour en jour. Elle m’inquiète, Brown, je ne vous le cacherai pas.

— Spleen, dit-il ; un voyage est dans la nécessité. Cela m’étonne que vous avez le spleen parce que vous êtes un gros rouge garçon, mais je vois tout de même que c’est comme je dis.

Je repris dans sa réponse une phrase inespérée :

— Un voyage, Brown ! Y pensez-vous ? Que deviendrait la maison ? Réfléchissez, je ne l’ai pas abandonnée plus d’un jour pendant vingt ans !

— C’est vrai, approuva-t-il.

Je poursuivis rapidement :

— Oh, je sais bien que Verneuil, le caissier, est très capable. Certes, il est au courant de nos affaires comme moi-même, mais enfin…

— Réellement ?

— Oh ! il est très intelligent, Verneuil…

— Alors, partez, faites le tour de quelque chose, du monde si vous avez l’argent, ou de la France, Mais il faut faire le tour, vous devez, c’est plus confortable contre le spleen.

— Voilà, c’est que…, je vous remercie, Brown, de vouloir bien assumer le commandement de toute la Maison… mais, seulement… vous êtes fort aimable, Brown, mais… je suis invité par un ami à passer quelque temps chez lui.