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fantômes et fantoches

Brown fumait une cigarette, assis sur un haut tabouret, à une table de dessinateur. Devant lui, des épures, des plans, de grandes feuilles bleues s’emmêlaient de règles et d’équerres.

— Bonjour, me dit-il, est-ce que vous avez dormi bien ?… J’ai trouvé un système de changements de vitesse pour les acatènes…

— Ah ! ah ! répondis-je stupidement.

Je ne pouvais pas lui dire ce que je voulais. Ce diable d’homme est glacial. Où qu’il soit, il y a sans cesse autour de lui un temple protestant.

J’ajoutai :

— C’est très beau, cela ; vous êtes un rude compagnon, Brown… c’est très beau, positivement…

— Mais qu’est-ce que vous avez, Dupont ? Votre figure a un tout à fait drôle d’air. Est-ce que nous ne sortons pas ? Où est votre chapeau ?

— Eh bien, fis-je résolument, il faut que je vous parle… Je suis très fatigué, Brown.

— Asseyez-vous.

— Ce n’est pas cela… Ma fatigue ne date pas d’hier.

— Vous travaillez beaucoup.

— Oui, et puis mon travail m’ennuie, alors il me lasse davantage. Et cela surtout est cause de mon affaissement. Le moral est plus atteint que le