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offrande à cypris porte-miroir

rent menuets et gavottes… Et voilà Mozart en habit de velours qui te contemple sous son front.

Mais des formes moins distinctes s’agitent aux recoins plus sombres, où les feuillages remplacent les fleurs, et tu te figures, n’est-ce pas, la foule des modernes tous emmitouflés du cache-nez péremptoire de Wagner ?…

Est-ce tout ? Cette nuit doit pourtant flatter aussi Cupidon. Ne vois-tu pas d’autres spectateurs ? Cette touffe de rhododendrons écarlate, serait-ce point le bonnet phrygien de Pâris ? Dans ces boules de neige, contre toi, la toge de Léandre flotte, il me semble ? Et regarde ce grand lilas qui frémit comme la plume de Don Juan !…

Lavaret ! Lavaret ! Mme de Fryvol ne sait même pas que, retourné sur ta chaise, tu l’admires, toi qui t’es immolé pour elle dans ton œuvre, dans ta fortune, dans ton prestige.

Pour l’instant, elle se souvient d’un miroir au cadre de citronnier, et cette remembrance accapare toute son attention. Mais ce n’est même pas ses yeux d’or ni ses blonds cheveux qui l’attirent à présent, c’est, occupés à la coiffer, deux bras velus et noueux, deux mains de brute, taillées