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le lapidaire

les sujets du feu Louis XII — désignaient les édifices :

— San Lorenzo ! San Marco ! Le palais d’Andrea Doria !

— Où donc ?

— Pas loin de la Lanterna… Tout près de la rive… Contre le mur d’enceinte et en dehors… au milieu de jardins, ce grand château…

— Parfaitement. Doria, c’est le doge, n’est-ce pas ?

— Non ! Il a refusé le bonnet. Le commandement de la flotte espagnole lui laisse peu de loisirs, et Doria persiste à servir l’empereur, disant ne pouvoir mieux obliger les siens qu’en leur conservant un allié si considérable. La guerre pourtant lui donne du répit ; le voilà parmi nous depuis quelque temps jusqu’aux expéditions prochaines. Il est tout-puissant et le doge lui demande conseil. Les hommes de sa trempe ne devraient pas mourir, et ses cheveux sont blancs…

Puis, le boniment, récité à la façon d’une confidence, accentué de mimiques affairées, larmoyant parfois, présomptueux souvent, emphatique toujours, se poursuivait à l’occasion d’autres castels :

— Cette tour est celle de l’arsenal, effroyable magasin de la mort ! Au centre de la Ville, s’élève le palais ducal. Que Dieu protège le doge ! Voici,