Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
209
offrande à cypris porte-miroir

drames bâclés par des gens non qualifiés pour cela. Belle besogne, cette littérature de pianistes ! Ils finiront par changer la langue en patois. »

— Bah ! répartit Lavaret, laissez dire. Nos ancêtres ont mis assez de sel dans la langue française pour qu’elle se conserve indéfiniment ; mais, ne craignez rien, Callisthène — pas plus que Hildegonde — n’osera s’exprimer en patois… vos petites oreilles ne sauraient entendre de gros mots… Quant à Monbrun, il eut jadis le grand tort de rendre lui-même horriblement symphonique une comédie signée de son illustre nom. Lauvyal l’a refusée. Ah ! il n’a pas la double-croche spirituelle, cet ironiste de Monbrun. Mais il ne s’est jamais vanté de cette histoire. C’est un fat.

— Plus qu’un fat, mon bon Lavaret.

— Mettons fat dièze et n’en parlons plus.

Voyez-vous, les meilleurs critiques, à mon avis, ce sont les amateurs, comme vous, qui ont beaucoup voyagé à travers les œuvres sans en produire ni même interpréter… cependant, qu’une chanson serait plus fraîche d’avoir passé par votre sourire !

— Oh, moi, mon bon Lavaret, s’agit-il de votre musique, je suis trop partiale pour la juger sainement. Je regarde vos opéras comme à travers une face-à-main enchantée… Dit-on une ou bien un