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fantômes et fantoches

que, en l’écrivant, je serai forcé d’en revoir méthodiquement les phases, ce qui m’aidera peut-être à la comprendre. Pour le moment, tous les menus faits de cette histoire sont comme les pavés d’une mosaïque disjointe et bouleversée ; il s’agit de la reconstituer.

Je tiens à me rappeler la journée tout entière, pour chercher si le matin ou l’après-midi ne recèleraient pas l’explication logique du soir, une cause acceptable de cet… événement.

Hier, après un repos bref, car j’avais travaillé fort avant dans la nuit, des coups frappés à la porte m’ont brutalement éveillé.

La concierge me présenta une quittance de loyer : cent francs à payer pour avoir habité durant trois mois cette mauvaise chambre mansardée, à la crête de la rue Bonaparte.

— C’est bien, dis-je, tantôt je vous réglerai cela… Eh ! dites-moi, criai-je à travers la porte déjà refermée sur le départ de la concierge, dites-moi, quelle heure est-il ?

Elle me répondit :

— Huit heures !

Et j’entendis son doigt sec tambouriner sa charge trimestrielle au long du couloir et le bruit des réceptions diverses que mes voisins lui faisaient.