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LA FÊLURE


Puisque notre ami, le romancier Salvien Farges, vient de mourir à l’hospice des aliénés où nous l’avions mené secrètement, je ne vois pas pourquoi ces pages resteraient inédites. Ce sont les dernières d’une sorte de journal qu’il tenait fort irrégulièrement lors de sa lucidité, et l’intérêt en réside surtout dans la date : 16 octobre 1902. À cette époque précise, en effet, se manifestent les premières incohérences de Farges.

S’il eût recouvré la raison et se fût remis à écrire, jamais ces feuillets n’auraient été divulgués, de peur qu’une telle confession ne nuisît au succès de son auteur ; car si le public lisant adore les folies, c’est à condition de les croire l’œuvre d’un sage.


16 octobre 1902.

Je vais relater l’aventure d’hier au soir, d’abord à cause de son caractère surnaturel, et aussi parce