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le bourreau de dieu

Christophe secoua la tête :

Il croyait.

Un par un, avec des soins de garde-malade, les Sauveurs furent décloués, et tout l’ouvrage d’un hiver, tout l’espoir d’un été furent sacrifiés. Un brasier consuma toutes les croix, et dans une armoire Christophe rangea douillettement les figures sur un lit de fins copeaux. Il glissa le christ qui avait parlé dans sa couchette, le borda dévotement, puis ayant baisé la main raide brandie hors des draps, il s’assit, et médita longtemps, les traits contractés, avec, parfois, de bizarres mouvements d’impatience ; enfin il sourit largement, tel celui qui trouve une solution difficile, et sortit de la masure en fermant soigneusement la porte.

Il suivit le sentier plongeant vers le village, mais un de ses souliers vint à se délacer, et, comme il se baissait pour en renouer le cordon, terrassé d’insomnie et d’émotion, il s’endormit profondément.