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fantômes et fantoches

taire de Christophe était vide de crucifix, et des pièces d’argent et d’or s’y amoncelaient. Pendant que le sabotier les comptait, Marcoux passa ; et, comme l’objet de leur inimitié s’était amplifié, ils devinrent ennemis d’autant plus acharnés.


iii


Il avait suffi de la fête catholique pour divulguer la beauté du paysage et l’habileté du sculpteur improvisé. Aussi, durant l’hiver, Christophe travaillait-il sans relâche, pour vendre aux nombreux visiteurs de la belle saison une grande quantité de christs.

Il s’essayait maintenant à les faire de toutes grandeurs, et variait ainsi la monotonie de l’ouvrage, car il était incapable de modifier d’un seul détail le type adopté.

Malgré cette répétition indéfinie des mêmes formes, rien ne lui causait plus de joie que sa tâche. Il en négligeait le dormir et le souper, et bien d’autres devoirs autrement nécessaires au salut des mortels. Si grand était l’oubli de ses croyances passées que, parfois, pour un méchant