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LE BOURREAU DE DIEU


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Le jour de Saint-Christophe, un moine, de ceux qui faisaient profession de creuser leur tombe et de distiller le suc des plantes, revint de la cueillette quotidienne en portant d’un bras une belle gerbe de fleurs aromatiques, et de l’autre un tout petit enfant malingre.

L’aventure tenait du prodige, car le couvent s’élevait à la cime de rochers presque inaccessibles, au milieu d’un pays sauvage, assurément plus propre à la naissance des herbes cordiales qu’à l’éclosion des petits enfants, si malingres qu’ils fussent.

Ainsi pensa le prieur ; et le brave homme se dit aussi :

— Certes, ce gamin-là nous est destiné, car personne n’aurait pu le secourir hormis l’un de