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tokutaro et murasaki

Le murmure des cigales emplissait l’air brûlant. On l’entendait comme on entend la fièvre bourdonner dans les oreilles.

Personne.

Murasaki passa la main autour de son cou : il lui semblait porter un collier trop étroit.

Les cerisiers d’amour se devinaient. Il passait des bouffées de senteurs embrasées.

Murasaki grelottait.

Personne.

— Il est tard, chuchota Nezumi, les cigales sont muettes à présent.

— Tu te trompes, répondit sa maîtresse, je les entends toujours ; leur bruit redouble… Ne vois-tu pas Tanuki ?

Le jardin persistait à rester désert. Seules, sous la lune haute, les lucioles évoluaient.

Subitement, l’invisible collier de Murasaki se dégrafa de lui-même et s’en alla étrangler à moitié la pauvre Nezumi :

L’Esprit entrait dans le jardin.

Et dès qu’il fut là, près d’elle, son adorée n’eut plus envers l’impudent que de l’indifférence, et du mépris pour le parjure.

Elle l’écouta cependant, et ceci résonna sur les accords du shamisen, ainsi qu’une prière, dans le mode religieux :