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tokutaro et murasaki

prendre par le soleil, nous verrons sur le sable des empreintes de pattes au lieu de ces traces mensongères… pensez-vous qu’un homme ait jamais le pied assez petit et cambré pour en laisser de pareilles ?

Et, à part soi, peut-être bien Murasaki trouvait-elle regrettable cette impossibilité.

Cependant, la bête carnassière obsédait la jeune fille de sa présence et de ses déclarations nocturnes. Cet animal faisait preuve d’une délicatesse peu commune certainement. Il interpellait tout, excepté celle dont il voulait être entendu, et dans ses discours musicaux on n’aurait pas trouvé à reprendre la moindre familiarité. Les serments les plus embrasés demeuraient absolument convenables, tels qu’une jeune fille peut en écouter sans changer de couleur, surtout quand ils l’atteignent indirectement, à travers des interlocuteurs supposés aussi recommandables qu’une montagne sainte, la lune, ou le temps passé.

Il est tout de même bon de le remarquer : les chants augmentaient d’ardeur chaque nuit et la tristesse les gagnait. Ils devinrent passionnés, et si lamentables que Nezumi en inféra :

— Ce n’est pas Inari, car il est le Dieu du rire ; c’est le blaireau, Tanuki.

Tanuki, donc, puisque c’était lui, en vint à san-