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fantômes et fantoches

après le déclin du jour. Une sorte de balcon, tout près du sol, régnait autour de la maison ; c’est de là qu’elle vint désormais jeter le dernier coup d’œil sur ses fleurs assoupies.

Le renard travesti se rapprocha.

Et quand pour ne plus voir ce spectre, Murasaki, résignée, ne bougea plus de la chambre close, il s’enhardit jusqu’à lui donner la sérénade.

En vérité, cette bête puante pinçait galamment du shamisen, et il fallait toute la sagacité prévenue de Nezumi pour saisir au fond de sa voix comme un vestige de glapissement.

Il disait, dans ses chansons, des choses tout à fait curieuses et divertissantes. Cela n’engendrait pas le rire, non, mais la pensée en était réjouie ; c’était comme une suite de soulagements, comme si vous eussiez toujours souffert, sans le savoir, toutes les douleurs, et qu’une main de volupté vous les eût enlevées une à une.

Mais aussi, c’était une œuvre démoniaque, et Nezumi avait grand peur et se serrait contre sa maîtresse, car Murasaki était moins alarmée, bien qu’elle tremblât davantage.

Vers l’aurore, Inari se retirait.

Et la servante de conclure :

— Le grand jour rend aux esprits leur forme naturelle. Si quelque matin celui-là se laisse sur-