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fantômes et fantoches

Gnomes méchants. Esprits malfaisants cachés sous des masques, les Lutins fantasques viennent nous hanter et nous tourmenter.

Sous la lune fauve, eh là ! qui se sauve ? C’est, dit l’amoureux, ma belle aux doux yeux ! Halte-là jeune homme ! Car ce n’est, en somme, qu’un renard sournois fuyant sous les bois.

L’amant qui soupire en grattant sa lyre n’est le plus souvent qu’un blaireau rêvant de ton frais sourire, quelque noir vampire chassé par l’amour du dernier séjour…

Au moment où ces paroles lui parvenaient, Murasaki jeta un cri perçant : tout près d’elle, entre deux buissons, et de l’autre côté de la légère clôture, la forme d’un homme se dessinait. Immobile de frayeur, la jeune fille le regarda.

Certes, les Esprits faisaient bien les choses et savaient choisir leur déguisement. Celui-ci avait revêtu le corps d’un garçon nerveux et de fière prestance, trop parfait même pour que l’on s’y trompât ; il était d’une beauté céleste, resplendissant de tout le génie extraordinaire visible dans ses yeux.

Il contemplait Murasaki de toutes ses forces, et elle devinait à ses regards qu’il avait d’elle une opinion étonnante…