Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ranger. Les Nolot viennent demain. Le gâteau sera encore frais. Il servira.

Mais le lendemain, au moment d’allumer les bougies, elle reçut un second télégramme :

« Impossible pour ce soir. Excuses. Nolot. »

— C’est comme un fait exprès, dit M. Bornet.

Mme Bornet, accablée, les lèvres blanches, ne comprenait pas cet acharnement du sort, et elle ouvrait la bouche toute grande afin de faciliter la sortie des mots blessants.

— Prévenir à neuf heures ! quel manque d’éducation !

— Mieux vaut tard que jamais, dit M. Bornet. Cependant, calme-toi, gros mérinos, tu vas tourner !

— Oh ! tu peux rire. C’est du joli ! Cette fois, le gâteau est bel et bien perdu.

— Nous le mangerons demain à déjeuner.

— Si tu crois que j’achète des gâteaux pour notre ordinaire.

— Sans doute ; mais puisque nous ne pou-