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joues ridées semblent deux jaunes tablettes d’écriture ancienne. Sa taille est nouée depuis longtemps. Il a dans chaque blanc d’œil une minuscule mèche de fouet rouge et la couleur de ses cheveux s’est arrêtée au gris.

Tantôt, brusque, il tire le domestique et tâche en vain de le faire dévier ; tantôt il lui donne un coup de pied ou lui mord la main.

Le domestique, que rien n’offense, a des ordres et suit, sec et raide, en ligne droite, le milieu du trottoir.

Enfin le petit vieux saisit, par surprise, le bouton d’une porte, s’y cramponne, s’y suspend et pousse des cris aigus de gorge usée, des pépiements.

Le domestique de haut style l’en décroche avec des précautions respectueuses, et lui dit, d’une voix bien cultivée, sévère et douce à la fois :

— J’en demande pardon d’avance à Monsieur, mais je rapporterai que Monsieur n’a pas été raisonnable et qu’il s’est conduit comme un enfant.