Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Y en a-t-il, des étoiles !

— Si on allait se coucher ?

Ils restent encore. D’une pipe, régulièrement, une bluette de flamme s’échappe et s’éteint vite, toute seule sur la terre contre les astres de là-haut. Un géranium se penche au bord d’un pot cassé, et par ses becs-de-grue égoutte son odeur.

Le feu d’une voiture file entre les acacias de la route :

— Qui donc que c’est ?

— C’est le garde-port qui rentre.

La voiture s’éloigne et la curiosité cesse avec le bruit.

Les rainettes continuent leurs appels stridents, si clairs qu’elles semblent quitter les buissons humides, les feuilles vertes comme elles, se rapprocher du mur, et, bruyantes, entrer au creux des pierres.

Il faut pourtant aller se coucher : demain on tire le chanvre.

Les veilleurs bâillent, enfin se lèvent. Quelle douce soirée !

Ils dormiraient dehors. Au matin, on les