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MARTHE

Oui, n’est-ce pas, tout de même ?

PIERRE

Oh ! vous aviez l’air de me comprendre, vous ne me comprenez plus. Mais non, mais non, il ne s’agit pas de scandale, de vies brisées, d’histoires malpropres. Je n’imaginais, moi, que quelque chose de rare, de bref, de très doux et d’inoffensif, un feu de paille où nous n’aurions brûlé que des sentiments, et qui n’aurait pas fait plus de mal à nos cœurs que ce rayon de lune n’altère le vitrail qu’il traverse.

MARTHE

Mais, troubadour, charmant troubadour que vous êtes, soyez donc simple une fois dans votre vie. Un congé, ça se passe quelque part. Je suis prête. Partons.

PIERRE

Chère Marthe !

MARTHE

Oui, partons. Je ne tiens plus à mes fragiles raisons et je ne doute plus de votre sincérité. Il n’est pas possible qu’un homme comme vous se fasse un jeu d’étourdir une femme avec des mots, sans savoir où il l’entraîne. Vous le savez. Je vous crois, je vous crois, et c’est moi qui vous dis maintenant : partons, mon ami, partons vite. Ah !