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de faire la cour à une femme, de lui prodiguer les tendresses fugitives, les menus soins, les petits cadeaux, les galanteries, les bagatelles nécessaires, et de lui parler une langue inconnue d’elle. Je vous jure que je suis un vrai poète et que je possède le don de charmer. Il ne me servait plus à rien. Il n’était pas perdu. Je le gardais, sans savoir pour qui. C’était pour vous, c’était pour vous ! Je vous apporte toutes mes économies d’adoration.

MARTHE

Taisez-vous, oh ! taisez-vous, je ne veux pas de vos présents de magicien.

PIERRE

Et moi, je veux vous enchanter…

MARTHE

Mais taisez-vous donc ; vous nous feriez faire des folies.

PIERRE

Oui, oui, soyons enfin un peu fous. Je ne vous demande pas des choses compliquées. Faisons enfin une bêtise. Vous ne répondez pas… qu’est-ce que vous soupirez ?

MARTHE

Hélas ! une bêtise.

PIERRE

Une belle bêtise. (Marthe se lève.) Marthe !