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ter, si vous n’étiez une honnête femme, si je n’étais un homme fidèle. Mais il nous faut, ma chère amie, renoncer tous deux aux déclarations d’amour, moi à les faire, vous à les entendre.

MARTHE

C’est dommage.

PIERRE

C’est absurde. Je vous disais tout à l’heure que je n’étais pas homme à me moquer de votre mari. Je ne suis pas assez méprisable pour faire de l’ironie à propos de ma femme que j’aime du fond du cœur, que j’admire.

MARTHE

Je ne vous le permettrais pas.

PIERRE

Mais après douze ans de ménage, je ne peux pas, moi qui aime tant ça, moi qui suis né exprès pour ça, filer à ses pieds des phrases d’amour. Ce serait du gaspillage.

MARTHE

Berthe ne se plaindrait peut-être point.

PIERRE

Évidemment. Elle serait très sensible. Elle rougirait étonnée. Mais elle est si bonne ménagère que, dans sa surprise, elle me répondrait quelque chose comme : Tu vas renverser mon café !… Et désor-