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MAURICE

Encore une question. Mais je la pose pour rire, comme on dit à une fillette : lequel aimes-tu mieux, ton papa ou ta maman ? (Avec gravité.) Si je vous priais, renonceriez-vous à M. Guireau ?

BLANCHE

Je trouve qu’au point où nous en sommes cette question n’a aucun sens.

MAURICE s’assied en face de Blanche.

Puisque je la pose pour rire, répondez en riant.

BLANCHE

Rappelez-vous qu’un soir, très excité, vous m’offriez de m’épouser, de partir avec moi, de vivre dans une cabane de cantonnier, avec le pain quotidien, d’aller en Algérie où la vie est si bon marché ! Que vous ai-je répondu ?

MAURICE, très lentement.

Que la misère vous épouvantait, que le pain sec vous répugnait, même s’il était de ménage, que vous aviez horreur des déplacements, que vous manquiez de génie colonisateur et ne saviez rien faire de vos dix doigts que des caresses : voilà ce que vous m’avez répondu.

BLANCHE

Vous êtes donc fixé depuis longtemps. Est-ce tout ?