— Je vous les lirai. Je ne dis aucun mal de ma brave cousine.
— Je te traînerais plutôt à la justice de paix !
— Je n’ai pas peur et vous serez contente.
— Contente que tu écrives, comme l’année dernière, que je crains l’orage ?… Oh ! ne mens pas ! Le maître d’école m’a lu le papier.
— Craignez-vous l’orage, oui ou non ?
— Oui, je le crains. Je crains la colère de Dieu. Je ne suis pas une impie. Mais est-ce que ça te regarde ? Est-ce que, moi, je répète ce que tu me dis, bavard, rapporteur ?
— Chacun son métier, cousine.
— Joli métier, le tien ! dit-elle. Et, alors, tu mets dans tes écrits toutes mes paroles ?
— Toutes les vôtres et toutes celles des autres. Et je mets avec, tout ce que je vois, les gens, les bêtes et le pays.
— Comment ? tu écris le bois, la rivière ?
— Et le pont, et le moulin, et le château.