Page:Renard - Bucoliques, 1905.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée
288
BUCOLIQUES



La partie de pêche.


BERTHE fait avec moi sa première partie de pêche et elle porte joyeusement sa ligne, c’est-à-dire une ficelle avec un bâton. Je n’ai rien mis au bout de la ficelle, ni hameçon, ni épingle tordue, de peur que Berthe ne se pique, mais elle croit, puisque je le dis, que sa ligne est une vraie ligne comme la mienne. Elle ne connaît pas les hameçons, elle sait mal à quoi me servent les amorces ; elle suppose vaguement que je les distribue comme des graines aux oiseaux, et elle me demande si je veux lui en prêter une.

— Pourquoi faire ? lui dis-je ; quand le poisson a très faim, il préfère la ficelle.

— Ah ! dit Berthe.

Installée au bord de la rivière, à la meilleure place, elle remue sa ficelle dans l’eau et je peux, non loin d’elle, pêcher tran-