Page:Renard - Bucoliques, 1905.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
BUCOLIQUES


VII


Le ménage Philippe travaille dans le jardin. Philippe relève et noue les poireaux. Il leur fait, dit-il, des chignons. Mme  Philippe, à genoux, allume en plein air la lessiveuse avec du papier et des bûchettes et elle écoute si le feu pétille. Elle dit bientôt :

— Je crois qu’il commence à faire la vie.

— Venez, leur dis-je, prendre une tasse de café.

Comme s’ils étaient sourds, il faut que je les appelle une seconde fois. Ils ont bien entendu et s’observent de loin. Puis, sans que je sache quel signe les a mis d’accord, ils quittent ensemble leur ouvrage, et, préoccupés d’arriver ensemble, ils s’approchent d’un même pas, les yeux baissés.

— Sucrez-vous.